fenêtre d'overton
La « fenêtre d’Overton » est un concept de science politique qui désigne le spectre des idées, des politiques ou des positions qui sont considérées comme acceptables dans un débat public à un moment donné.
L’idée a été développée dans les années 1990 par Joseph P. Overton, chercheur libertarien affilié au think-tank américain Mackinac Center for Public Policy.
Voici comment ça fonctionne :
À un moment donné, pour un sujet donné (par exemple : impôt, immigration, droits civiques), il existe une gamme d’idées allant de l’« impensable » à l’« entièrement acceptable ».
Les décideurs politiques ont tendance à proposer des politiques dans le cadre de cette fenêtre, car aller au-dessous ou au-dessus peut être électoralement risqué.
Cette fenêtre peut se déplacer au fil du temps, quand des idées auparavant marginales sont normalisées, ou, au contraire, quand des idées autrefois acceptées deviennent radicales.
Le concept est utilisé pour expliquer comment des mouvements sociaux ou des think-tanks peuvent tenter de “déplacer” la fenêtre, en introduisant des idées plus audacieuses ou en changeant les normes du débat public.
La fenêtre d’Overton offre une grille d’analyse utile pour comprendre le changement des normes politiques et sociales.
Par exemple, le droit de vote des femmes, l’abolition de l’esclavage ou le mariage pour tous ont été des idées hors de la fenêtre à une époque, puis sont devenues acceptées.
Le concept est critique : il montre que ce n’est pas seulement « qui » décide, mais aussi quel cadre de pensée est permis ou exclu. Il permet de voir les marges de l’acceptable, et comment elles évoluent.
Dans le débat français, le concept de fenêtre d’Overton permet d’analyser l’évolution du discours politique sur l’immigration, l’islam ou l’identité nationale.
Par exemple, Éric Zemmour, à travers sa forte médiatisation et ses prises de position extrêmes (sur les prénoms, les immigrés ou les femmes), a contribué à normaliser des thèmes autrefois réservés à l’extrême droite.
En multipliant les apparitions dans les médias grand public, il a élargi la fenêtre d’Overton :
ses positions très radicales ont déplacé le centre du débat,
ce qui a rendu les discours plus modérés de Marine Le Pen, pourtant encore d’extrême droite, plus “raisonnables” ou acceptables aux yeux d’une partie de l’opinion.
Ce phénomène illustre comment la médiatisation répétée d’idées extrêmes peut déplacer les normes du discours public, en changeant la perception collective de ce qui est « normal » ou « discutable ».
POUR ALLER plus loin
LA FENÊTRE D'OVERTON EXPLIQUÉE PAR CLÉMENT VIKTOROVITCH
vidéo de Kyan Khojandi
la fenêtre d’overton expliqué en dessin !
Dans cet entretien avec Régis Meyran, Raphaël Liogier décortique les ingrédients originaux du populisme actuel, nourri par le sentiment de frustration collective qui contamine une Europe, France en tête, définitivement déchue de sa prééminence mondiale. Le populiste s’exprime au nom du peuple tout entier pour le sauver de la chute annoncée, échappant ainsi au clivage droite/gauche, mêlant dans son discours des slogans conservateurs et progressistes. Agitant la traditionnelle menace de l’ennemi intérieur – hier le juif surpuissant, aujourd’hui le musulman envahissant – ce nouveau populisme ne se cristallise plus sur des idéologies mais fluctue au gré des sondages. Il s’appuie sur la notion vague d’une culture « occidentale » à défendre pour infuser l’ensemble de la classe politique et ronger progressivement l’État de droit. C’est ce populisme « liquide », caractéristique de notre époque, que décrypte ici finement Raphaël Liogier dans une analyse déstabilisante et alertante.
raphaël liogier, ce populisme qui vient. Collection « Conversations pour demain », 2013.
“le simple fait d’organiser un débat le légitime”
épisode france inter avec Raphael Llorca, essayiste et communicant, sur la fenêtre d’overton