décolonisation

La décolonisation désigne à la fois un processus politique et un mouvement social visant à mettre fin à la domination coloniale et à reconstruire des systèmes justes, respectueux de la souveraineté des peuples colonisés.

Historiquement, elle a d’abord désigné les luttes d’indépendance menées après la Seconde Guerre mondiale, lorsque des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique ont revendiqué leur autonomie face aux puissances européennes (notamment la France, le Royaume-Uni, le Portugal ou la Belgique).

Mais la décolonisation ne s’arrête pas à la fin formelle des empires coloniaux : elle continue aujourd’hui sous d’autres formes. Certains peuples vivent encore sous occupation ou domination, comme les Palestinien.ne.s, ou subissent les conséquences durables du colonialisme, appelées néocolonialisme. Cela peut prendre la forme d’une dépendance économique, culturelle ou militaire imposée par d’anciennes puissances coloniales, ou encore d’un racisme systémique hérité de cette histoire.

Aujourd’hui, décoloniser signifie remettre en question les structures de pouvoir et les savoirs hérités de la colonisation, et reconnaître la souveraineté des peuples autochtones. Cela passe par l’éducation, le dialogue, la restitution des terres et des œuvres spoliées, et une réflexion collective sur notre rapport au territoire, à l’histoire et à la justice.

POUR ALLER plus loin (adultes et ado)

Françoise Vergès revient dans cet entretien sur son ouvrage "Un féminisme décolonial", ainsi les problématiques que posent le système capitaliste et impérialiste.

Alors oui, la Première Guerre d’Algérie s’arrête avec la chute d’Abd el-Kader en 1858. Oui, la Seconde Guerre d’Algérie, celle de l’indépendance, débute officiellement en 1954. Mais entre les deux, il n’y a pas du tout eu un siècle de calme et de paix ! Il y a eu plein d’incidents, sans compter la grande révolte des Kabyles de 1871, puis les combats de 1939 - 1945, puis des massacres en 1945, puis des mouvements indépendantistes, en 1946 et en 1947… Mais du coup, quand est-ce que la décolonisation a vraiment commencé pour de bon ? Combien de temps a-t-il fallu pour que l’Algérie soit vraiment décolonisée ? Qui s’est battu pour ou contre l’indépendance ? Et quels ont été les effets du conflit ?

Désormais classique dans le monde anglophone, ce livre est une puissante contribution à la critique de la tyrannie et de l'autoritarisme, cette facette inavouée et longtemps réprimée de notre modernité tardive.
Achille Mbembe interroge la manière dont les formations sociales issues de la colonisation s'efforcèrent, alors que les politiques néolibérales d'austérité accentuaient leur crise de légitimité, de forger un style de commandement hybride et baroque, marqué par la prédation des corps, une violence carnavalesque et une relation symbiotique entre dominants et dominés. À ces formations et à ce style de commandement, il donne le nom de postcolonie.

Au lendemain de la manifestation du 11 janvier 2015, en réaction aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, Libération titre en une « Nous sommes un peuple », et Alice Diop s’interroge sur cette foule très majoritairement blanche. À la manière de François Maspero dans son livre Les Passagers du Roissy-Express (Seuil, 1990), elle décide alors d’entreprendre un voyage au long cours en suivant la ligne B du RER, à la rencontre de tous ces « autres » qui ne figurent pas sur la photo. Le périple met en lumière un territoire contrasté. Esquissant un portrait choral de Franciliens saisis dans leur quotidien, la réalisatrice tisse ainsi librement le récit d’un « nous » possible. « S‘il y a bien des mondes qui vivent à la lisière les uns des autres, le film veut tisser un lien et un chemin entre ces îlots », dit-elle.

TW : racisme, colonisation, orientalisme

documentaire : NOUs (115’)
réalisatrice : alice diop
date : 2020
production : athénaïse

« Décolonisations » est une web-série retraçant l’effondrement de l’empire colonial français en l’espace d’un quart de siècle de 1945 à la fin des années 60.

brève histoire de la colonisation française.

À partir de l'encyclopédie de Diderot et D'Alembert mais aussi les doctrines coloniales de Paul Leroy-Beaulieu et de Arthur Girault, Seumboy Vrainom revient sur la colonisation française

podcast binge audio, kiffe ta race, épisode 85 “paris (dé)colonial”, 2022

Rues en mémoire de militaires coloniaux, statues à la gloire de personnages impliqués dans l’esclavagisme… Loin de son image de “ville lumière” et de “capitale de l’amour”, Paris porte les traces des violences racistes et sexistes dans son espace public. Souvent peu contextualisé·es, ces voies, bas-reliefs et bâtiments qui valorisent des figures de l’oppression impérialiste rendent la ville inhospitalière pour beaucoup et fait le récit d’une Histoire partielle, écrite par les dominant·es. 

De quelle manière l’ex-empire français se rend-t-il visible dans l’espace public parisien ? Comment transformer notre regard sur une Histoire qui occulte le vécu des opprimé·es ? Quelle forme peut prendre la décolonisation de l’espace public ? 

intervention : rokhaya diallo, grace ly
invité.e.s :
Seumboy Vrainom :€. Créateur de la chaîne YouTube « Histoires crépues », qui a participé à la confection de l’ouvrage De la violence coloniale dans l’espace public (éd. Shed, 2021) aux côtés de Françoise Vergès. Cet essai se présente comme un guide décolonial du “triangle de la Porte Dorée” à Paris, où trois monuments offrent un condensé de l’histoire coloniale, culturelle, économique, raciale et politique de la France

Ce livre, cri de paix mêlant coups et douceur, s’adresse aux Blancs « de gauche » encore dans le système, comme Sartre, non Genet. Il interpelle les Juifs, comparés aux Arabes pour leur quête de blancheur et soutien aux oppresseurs, invitant à sortir du ghetto ensemble. Aux femmes indigènes, il dit : « Je n’ai rien à cacher, même mes blessures. L’honneur familial repose sur un père écrasé par la France. » Il parle aux Indigènes, vus blancs dans le Tiers-Monde, car la blancheur est pouvoir, non race. Beaucoup ont abandonné leurs frères et doivent assumer leur intégration au système. L’auteure écrit depuis faiblesses et honte, héritage colonial profond. Un livre essentiel, sans concession, pour comprendre le monde d’aujourd’hui.

TW : racisme, colonisation, orientalisme

houria bouteldja, les blancs, les juifs et nous, vers une politique de l’amour révolutionnaire. la fabrique éditions, 2016

Dans le débat public, être décolonial est une infamie. Dans les universités, dans les partis de gauche et d’extrême gauche, les syndicats, les associations féministes, partout on traque une « pensée décoloniale » infiltrée et funeste pour le vivre-ensemble.

Dans ce livre, Françoise Vergès élucide l’objet du scandale. Le féminisme décolonial révèle les impensés de la bonne conscience blanche ; il se situe du point de vue des femmes racisées : celles qui, travailleuses domestiques, nettoient le monde ; il dénonce un capitalisme foncièrement racial et patriarcal.

Ces pages incisives proposent un autre récit du féminisme et posent toutes les questions qui fâchent : quelles alliances avec les femmes blanches ? Quelle solidarité avec les hommes racisés ? Quelles sont les premières vies menacées par le capitalisme racial ? Pourquoi les néofascismes s’attaquent-ils aux femmes racisées ?

TW : racisme, colonisation

françoise verges, un féminisme décolonial. la fabrique éditions, 2019.

«L'Orient» est une invention de l'Occident, son reflet et son opposé, représentant à la fois ses peurs et son sentiment de supériorité, comme un corps dont il veut être seulement l'esprit. En étudiant l’orientalisme, présent en politique, littérature, récits de voyage et sciences, on apprend peu sur l’Orient, mais beaucoup sur l’Occident. Le portrait que nous faisons de l’Autre est souvent une caricature ou un miroir de nous-mêmes.

TW : racisme, colonisation, orientalisme

edward w. said, l’orientalisme, l’orient créé par l’occident, éditions seuil, 2005

pour en parler aux plus jeunes

Elias Sanbar partage avec nous un portrait riche et intelligent du Palestinien d’aujourd’hui. Il s’agit d’une « représentation en mouvement » de l’histoire des lieux où l’identité palestinienne s’est formée.

Dans le même univers que Aya de Yopougon, Akissi raconte la vie quotidienne d’une petite fille d’Abidjan, espiègle et libre, dans une Côte d’Ivoire postcoloniale.
Sans aborder directement la colonisation, la série fait ressentir l’Afrique d’aujourd’hui, avec ses langues, ses valeurs et sa joie — un antidote aux clichés hérités du regard colonial.
Une porte d’entrée légère pour “décoloniser les imaginaires” dès l’enfance.

à lire dès 8 ANS

scénario de Marguerite Abouet. Dessin de Mathieu Sapin. D'après l'univers graphique de Clément Oubrerie, akissigallimard bd, 2024

L’Europe a-t-elle inventé la colonisation ? Pourquoi a-t-elle dominé une grande part du monde aux XIXe et XXe siècles ?

Comment cela a-t-il été possible après les Lumières et la Déclaration des droits de l’homme ? Qu'est-ce que l'impérialisme ?

Les peuples colonisés se sont-ils laissés faire ?

Marc Ferro, directeur d’études à l’EHESS répond à toutes ces questions, et à bien d’autres.

MARC FERRO, la colonisation expliquée à tous. éditions seuil, 2016

Côte d'Ivoire, 1978. Aya a dix-neuf ans et vit à Yopougon, un quartier populaire d'Abidjan. Ça sent le début des vacances mais très vite les choses vont commencer à se gâter...

Titre recommandé par l'Éducation nationale en classe de 4e et 3e.

PRIX DU MEILLEUR PREMIER ALBUM ANGOULÊME 2006

marguerite abouet, clément oubrerie, aya de yopougon. gallimard bande dessinée, 2006

Au 15è siècle, l'Europe cherchait de nouvelles routes de commerce et Christophe Colomb a "découvert" l'Amérique, le nouveau monde. Ces terres vont devenir des colonies appartenant au roi d'Espagne. Et ensuite, ça se passe comment ?

Comment fonctionnaient les colonies ? | ARTE Family, Janvier 2025

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