Les violences obstétricales : une longue histoire du contrôle des femmes
Les violences obstétricales regroupent tous les actes médicaux ou paramédicaux qui violent le consentement, l’intégrité et la dignité des femmes pendant la grossesse, l’accouchement ou le suivi gynécologique.
Elles prennent des formes variées : pressions psychologiques, gestes non consentis, pratiques invasives injustifiées, ou encore négligences graves.Ces violences ne sont pas nouvelles : elles s’inscrivent dans une histoire de contrôle social, médical et patriarcal du corps des femmes, souvent exacerbée par le racisme, la classe sociale ou le handicap.
Des instruments de contrôle du corps des femmes
Depuis le XIXᵉ siècle, la médecine a souvent été utilisée pour contrôler les corps féminins.
Les spéculums gynécologiques et certaines expérimentations ont été testés sur des femmes noires esclaves aux États-Unis, sans consentement.
La médecine a légitimé la surveillance et la normalisation des corps féminins, renforçant des stéréotypes raciaux et de genre.
Les pratiques d’obstétrique et de gynécologie ont longtemps été centrées sur le corps comme objet plutôt que sur la personne comme sujet.
Quand le consentement est ignoré
Malgré l’évolution des droits des patientes, certaines pratiques abusives persistent :
Touchers vaginaux sans consentement : encore signalés dans 10 à 20% des suivis obstétricaux.
Épisiotomies systématiques : parfois pratiquées même lorsqu’elles ne sont pas médicalement nécessaires.
Césariennes non justifiées : imposées pour des raisons organisationnelles ou culturelles.
Ces pratiques peuvent avoir des conséquences physiques (douleurs chroniques, incontinence) et psychologiques(stress post-traumatique, perte de confiance).
Des violences invisibles mais fréquentes
En France et dans le monde :
6 % des femmes déclarent être « pas du tout » ou « plutôt pas » satisfaites de leur suivi de grossesse ou d’accouchement, soit environ 50 000 femmes chaque année.
Au niveau mondial, 1 femme sur 3 subit une forme de maltraitance pendant l’accouchement dans les hôpitaux.
Ces chiffres ne représentent que la partie émergée de l’iceberg, car beaucoup de femmes n’osent pas dénoncer ces violences.
La loi tarde à protéger les femmes
La reconnaissance légale des violences obstétricales reste récente et insuffisante :
En décembre 2024, une proposition de loi a été déposée pour reconnaître et sanctionner les violences obstétricales et gynécologiques.
Les hôpitaux et les professionnels doivent désormais adopter des protocoles de consentement éclairé et documenter toutes les interventions.
Pourtant, les sanctions restent rares et la formation des professionnel.le.s à la bientraitance est encore limitée
LA PAROLE DES FEMMES libérée
Les mouvements féministes ont permis de faire connaître ces violences :
#PayeTonGynéco a recueilli plus de 10 000 témoignages de femmes dénonçant des pratiques abusives.
Les réseaux sociaux permettent de relier ces expériences à des luttes collectives pour un suivi respectueux.
Ces mobilisations mettent en lumière l’importance du consentement, de l’écoute et du respect dans les soins obstétricaux.
recommandations pour un suivi safe
Pour réduire les violences obstétricales, plusieurs recommandations :
Consentement éclairé pour chaque geste médical.
Respect de l’intimité et de la dignité de la patiente.
Information complète sur les risques et bénéfices des interventions.
Formation des professionnels sur le genre et les violences obstétricales.
Accompagnement post-accouchement pour traiter le traumatisme éventuel.
réapproprions-nous nos corps
Les violences obstétricales ne sont pas qu’un problème médical : elles reflètent un contrôle social et patriarcal des corps féminins.
En partageant l’information, en soutenant les mouvements féministes et en exigeant des soins respectueux, nous pouvons :
Prévenir la maltraitance.
Renforcer l’autonomie des femmes.
Faire évoluer la médecine vers l’égalité et le respect du consentement.