LA MÉRITOCRATIE UNIVERSITAIRE : UN MYTHE CAPITALISTE
Tout le monde ne part pas du même point de départ
La méritocratie, c’est un concept qui prétend que : SEUL L’EFFORT INDIVIDUEL COMPTE.
En réalité, nos trajectoires sont façonnées par des systèmes d’oppression: racisme, sexisme, validisme, classisme… qui distribuent privilèges et obstacles de façon inégale.
Dans The Meritocracy Myth, les sociologues Stephen J. McNamee et Robert K. Miller Jr. montrent que la méritocratie est une illusion. La réussite sociale n’est pas simplement le fruit du “talent” ou du “travail” individuel : elle dépend fortement de facteurs structurels comme : l’origine sociale, la richesse familiale, l’accès à l’éducation, le genre et la race, le capital culturel et les réseaux.
Autrement dit : ce ne sont pas les plus “méritants” qui réussissent, mais ceux et celles qui héritent déjà d’avantages invisibles.
UN OUTIL DE JUSTIFICATION Du capitalisme
Elle légitime les inégalités économiques : si certains sont riches et d’autres pauvres, c’est présenté comme le résultat de leurs efforts ou de leur manque de mérite. Les privilèges deviennent “mérités”, et la pauvreté est perçue comme une faute individuelle.
Elle invisibilise les rapports d’exploitation : le système efface le rôle central du travail des classes populaires, des femmes, des personnes racisées, en valorisant uniquement celles et ceux qui occupent les positions prestigieuses.
Elle donne une façade morale aux élites : les patrons, les héritiers, les étudiant·e·s des grandes écoles peuvent se présenter comme des exemples de “travail bien récompensé”, alors qu’ils bénéficient en réalité d’un capital économique, culturel et social qui les place déjà en haut de l’échelle.
La méritocratie est un récit qui protège le système en place : elle fait croire que chacun·e a “sa juste place”, alors que cette place est déterminée par les inégalités structurelles.
ce n’est pas qu’une question d’argent
La méritocratie n’est pas seulement biaisée par l’héritage financier.
👉 Elle s’appuie aussi sur :
Le capital culturel : langage, références, manières de se présenter qui “collent” aux attentes des grandes écoles et universités, langues parlées...
Le capital social : réseaux familiaux, cercles d’amis, contacts professionnels qui ouvrent des portes invisibles.
Ces ressources sont inégalement distribuées et renforcent l’avantage des classes bourgeoises, même quand l’argent n’est pas l’obstacle principal.
Une pression à double échelle
Dire que la méritocratie est un mythe ne veut pas dire que les personnes dotées de capitaux (économiques, sociaux, culturels) n’ont pas travaillé ou subi de pression pour réussir.
Mais leurs efforts se déploient avec des privilèges de départ : réseaux, codes sociaux, héritage financier… qui leur donnent des chances que d’autres n’ont pas.
Reconnaître l’inexistence de la méritocratie, c’est comprendre que ce système protège avant tout celles et ceux qui sont déjà au sommet.
reconnaître ses privilèges
Reconnaître ses privilèges, ce n’est pas nier ses efforts.
C’est comprendre que le point de départ n’est pas le même pour tout le monde. Ça demande du courage et c’est une force.
C’est admettre que certaines réussites sont facilitées par des avantages invisibles.
Et que la méritocratie n’est pas un système juste, mais un récit qui protège celles et ceux déjà en haut de l’échelle.