la complicité des femmes dans le patriarcat
Mères, patronnes, professeures… On a toutes connu une femme qui défendait le patriarcat mieux que les hommes eux-mêmes
Le patriarcat est un système.
➡ Ce système ne se maintient pas uniquement par les hommes.
➡ Certaines femmes, consciemment ou non, y participent en reproduisant ses codes.
Complices et victimes ?
Certaines femmes, par leur rôle de mères, de soeurs, de patronnes, amies, professeures, militantes reproduisent les normes patriarcales, souvent sans en avoir conscience. Non pas parce qu’elles “aiment opprimer”, mais parce que le système les y a socialisées... et qu’il les récompense quand elles le font.
Un système d’oppression fonctionnne quand les victimes elles-mêmes contribuent le faire tourner.
Hannah Arendt développe cette idée dans Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal (1963).
L’idée est la même : Dans un système d’oppression tel que le patriarcat, ce n’est pas seulement “les femmes contre les hommes”. Certaines femmes reproduisent les codes patriarcaux (contrôle, jugement, humiliation, exclusion) car le système les instrumentalise en leur apprenant que c’est la seule manière d’exister ou de survivre. Alors, le patriarcat s’auto-entretient, même là où on pourrait croire qu’il n’a plus lieu d’être (dans les relations entre femmes).
Des positions de pouvoir entre femmes
Une femme peut être en position dominante sur une autre femme par :
Son statut hiérarchique (manager, cheffe, prof...)
Son âge ou son ancienneté
Son capital économique, culturel, symbolique
Son provilège social (classe, couleur de peau, orientation sexuelle, validité, etc.)
Les femmes qui ont subi la domination ou l’humiliation dans leur parcours (travail, école, famille, ami.e.s) auront d’avantage tendance à reproduire ces comportements lorsqu’elles accèdent aux positions de pouvoir. En pensant que “c’est comme ça qu’on apprend à réussir” ou que c’est nécessaire pour maintenir leur statut social durement acquis.
Résultat : elles infligent à d’autres femmes les mêmes difficultés qu’elles ont elles-mêmes traversées, perpétuant ainsi le cycle patriarcal.
le syndrôme de la queen bee
Le concept a été théorisé par Marilyn Loden, consultante et chercheuse en management dans les 1970s.
Le syndrome de la Queen Bee décrit un comportement de certaines femmes en position de pouvoir qui se distancient, jugent ou rabaissent d’autres femmes pour maintenir leur statut.
Ces comportements ne sont pas individuels : ils reproduisent les logiques patriarcales et empêchent la sororité.
Reconnaître ces mécanismes permet de politiser et déconstruire le patriarcat, plutôt que de réduire ces femmes à des “méchantes”.
comment reconnaître une queen bee ?
Elle travaille dans des secteurs dominés par les hommes : le journalisme, la cuisine, le cinéma, la politique, les banques...
Elle se distancie et jugent d’autres femmes, les rabaisse ou les empêche de progresser.
Plutôt que de remettre en cause le système, elle l’entretient pour garder leur place.
Elle minimise ou ignore les réussites des autres femmes
Elle traite différemment vos collègues masculins, ou qui se conforment plus aux règles sociales.
Elle critique les choix ou comportements féminins “trop émotionnels”, “pas assez ambitieux”.
Elle s’approprie les idées et le travail des autres
Elle compare constamment les femmes entre elles
Elle utilise le sarcasme, l’humiliation ou le gaslighting pour contrôler et maintenir sa position.
Elle adopte les codes masculins de pouvoir, critiquant toute forme de féminité jugée “faible”.
Elle parle ÉNORMÉMENT d’elle-même et des épreuves qu’elle a pu endurer, laissant croire que d’autres doivent “mériter” leur place.
Mean GIRLs, Mark Waters, 2005
un vrai féminisme est intersectionnel
Refuser le patriarcat, c’est aussi refuser d’en être le relais.
Un vrai féminisme est intersectionnel, il ne consiste pas seulement à “briser le plafond de verre” pour quelques privilégiées, mais à refuser TOUTES les violences, y compris celles exercées entre femmes. Derrière chaque accusation de vulgarité, il n’y a pas un défaut des femmes, mais une peur de leur liberté.