masculinisme
Le masculinisme est un terme qui regroupe des mouvements, des idées et des discours qui se concentrent sur la défense des intérêts des hommes.
Il peut se manifester de manières très diverses : certains courant·e·s cherchent à sensibiliser sur des problématiques réelles touchant certains hommes, comme la santé mentale, les difficultés liées à la parentalité ou les violences subies par des hommes, tandis que d’autres développent des positions plus réactionnaires, parfois en opposition directe au féminisme et aux luttes pour l’égalité des genres.
Le masculinisme est intimement lié à la question de la masculinité et de la virilité.
Dans nos sociétés, il existe de multiples façons d’être un homme, et toutes ne sont pas valorisées de la même manière. Certaines formes de masculinité sont dites toxiques : elles valorisent la domination, la force physique, la répression des émotions, la compétition extrême ou l’homophobie.
Ces normes peuvent pousser à l’agressivité, au sexisme ou à la violence, tout en enfermant les hommes dans des rôles rigides et limitants. Le masculinisme, lorsqu’il glorifie ces modèles, contribue à perpétuer ces stéréotypes et les inégalités de genre.
Cependant, toutes les formes de masculinité ne sont pas négatives. Certaines militent pour un questionnement critique des normes masculines, pour une éducation émotionnelle plus ouverte, et pour des droits des hommes dans le cadre familial, professionnel ou sanitaire, sans dénigrer les femmes ni s’opposer au féminisme. Cette diversité montre que le masculinisme est un champ complexe, oscillant entre revendications légitimes et mouvements réactionnaires qui peuvent renforcer le sexisme et l’homophobie.
Comprendre le masculinisme nécessite donc de distinguer les formes qui cherchent à soutenir les hommes d’une manière égalitaire, et celles qui instrumentalisent la masculinité pour défendre des privilèges patriarcaux. C’est aussi une invitation à repenser ce que signifie « être un homme » dans un monde qui tente de dépasser les catégories rigides de genre.
POUR ALLER plus loin (adultes et ado)
« Les femmes te manipulent », « Comment avoir les couilles du mâle alpha ? », « Sois dur et exigeant avec les femmes »… Ces vidéos aux titres provocateurs cartonnent sur les réseaux sociaux et cumulent des centaines de milliers de vues. Sous la forme d’une cyber-enquête, ce documentaire vise à décrypter la manosphère et à en montrer les dangers. Notre journaliste, Pierre Gault, s’est « infiltré » dans les forums, groupes Telegram ou WhatsApp et conversations privées des groupes masculinistes (ou mascus). Banalisation des agressions sexuelles, appels au viol, propos misogynes mais aussi racistes, harcèlements… sa plongée au cœur des communautés masculinistes est vertigineuse et révèle une culture de la haine des femmes.
Masculinistes : l’outrance décomplexée
vidéo arte, le dessous des images
« Your body, my choice » : ce slogan choc de l’influenceur d’extrême droite Nick Fuentes, devenu viral après la victoire de Donald Trump, jette une lumière crue sur le masculinisme.
Retour sur cette montée inquiétante d’un antiféminisme aux ambitions politiques assumées. l’influenceur américain Nick Fuentes menace directement les femmes. Sa vidéo, rapidement devenue virale, s’inscrit dans une idéologie masculiniste. Ce mouvement, visant la domination masculine, trouve dans les réseaux sociaux une caisse de résonance politique aussi puissante que terrifiante. La journaliste Pauline Ferrari, spécialiste des questions de genre, décrypte comment cette séquence reprend tous les codes des vidéos masculinistes. Mélissa Blais, sociologue et historienne spécialiste du masculinisme, analyse l’écosystème de ces contenus antiféministes.
Dans ce livre, Francis Dupuis-Déri propose une étonnante enquête sur ce discours de la «crise de la masculinité», dont il retrace l’histoire longue et ses expressions particulières selon le contexte et les catégories d’hommes en cause, notamment les «hommes blancs en colère» ainsi que les Africains-Américains et les «jeunes Arabes».
Il analyse l’émergence du «Mouvement des hommes» dans les années 1970 et du «Mouvement des droits des pères» dans les années 1990 et leurs échos dans les réseaux chrétiens et néonazis. Il se demande finalement quelle est la signification politique de cette rhétorique, qui a pour effet de susciter la pitié envers les hommes, de justifier les violences masculines contre les femmes et de discréditer le projet de l’égalité entre les sexes.
En 1985, Raewyn Connell publie un article qui aura une influence considérable: "Vers une nouvelle sociologie de la masculinité", où sont abordés pour la première fois le thème de la pluralité des masculinités et la notion de masculinité hégémonique, qui désigne les pratiques utilisées par une majorité d’hommes pour garantir leur position dominante et la subordination des femmes. On trouvera cet article ici, introduit et mis en contexte par Connell elle-même. Lui fait suite un article de 2016, où la sociologue revient sur le concept de masculinité hégémonique dans le contexte postcolonial de la globalisation, qui est celui des inégalités de revenu écrasantes, des profonds déséquilibres de pouvoir, de la rapacité néolibérale et des violents antagonismes autour de la race, de la nation, du genre, de la sexualité et de la religion.
Idéal aussi inaccessible que frustrant, remis en cause par les féministes, l'édifice viril se fissure. Pourtant, ses défenseurs sont plus virulents que jamais. La série VIRIL explore avec humour et recul les enjeux historiques, esthétiques, sociologiques - et passionnants - posés par la virilité et ses impasses.
documentaire : Viril - La masculinité mise à mâle (intégrale)
Plateforme : arte
Qui sont les masculinistes en France ? Des coachs en séduction à l'extrême droite viriliste, en passant par un camp pour catholiques qui cherchent leur masculinité sacrée, on s’est infiltrés dans les différents mouvements d’hommes qui défendent une vision de l’homme fort et dominant, qui serait aujourd’hui écrasé par l’émancipation des femmes.
documentaire : qui sont les masculinistes en france ?
Plateforme : Konibini news
Il paraît que les hommes vont mal. Que la virilité se perd. Que les sociétés occidentales seraient hyper féminisées. Que les hommes ne sauraient plus comment être des hommes, qu’ils seraient paumés et souffriraient beaucoup à cause des femmes, et à cause du féminisme, qui les briment et les oppriment. Les symptômes ? Mauvais résultats scolaires, difficultés à séduire, refus des tribunaux d’accorder la garde des enfants au père en cas de séparation, et même… suicides. Les solutions ? Les mouvements de défense des hommes, les stages de revilirisation d’inspiration chrétienne ou ésotérique, et autres “écoles de la masculinité” d’extrême-droite.
Dans cet épisode, nous montrons d’où vient ce discours et ce qu’il révèle, avec Francis Dupuis-Déri politologue, professeur à l’Université du Québec à Montréal, auteur d’une enquête précise et documentée : “La crise de la masculinité, autopsie d’un mythe tenace”.
Francis Dupuis-Déri est également un militant pro-féministe, qui reconnaît ses propres privilèges d’homme blanc hétérosexuel ; dans cet épisode, il partage avec franchise et drôlerie son expérience et son regard sur la société française contemporaine.
podcast : les couilles sur la table, victoire tuaillon
épisode : contre la réthorique masculiniste
Francis Dupuis‑Déri est chercheur en science politique et en études féministes à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). il est Spécialiste des mouvements sociaux, de l’antiféminisme et du masculinisme, il a publié de nombreux travaux sur la question des hommes proféministes et de la domination masculine.
Parmi ses contributions figure un document intitulé « Petit guide de « disempowerment » pour hommes proféministes ». Il s’agit d’un texte court, accessible gratuitement, qui s’adresse aux hommes souhaitant être alliés des féministes tout en adoptant une posture réfléchie et critique. à consulter gratuitement ici
Dans ce guide, Dupuis‑Déri invite notamment les hommes à :
reconnaître la place de privilège qu’ils peuvent occuper au sein des systèmes patriarcaux et à questionner ce pouvoir au lieu de l’ignorer ;
entrer dans un processus de « disempowerment », c’est‑à‑dire réduire consciemment le pouvoir qu’ils exercent individuellement ou collectivement en tant qu’hommes, afin de ne pas reproduire les dynamiques de domination.
se comporter non comme « sauveurs » ou « héros » mais comme alliés respectueux, qui écoutent, se déconstruisent, et agissent en soutien plutôt qu’en porte‑voix.
se former, s’informer, reconnaître que l’engagement féministe ne leur est pas un simple rôle extérieur, mais implique une transformation de leurs comportements, représentations et privilèges.
Ce document constitue donc une ressource précieuse pour tout homme souhaitant s’engager dans une démarche féministe de façon sincère, en évitant les pièges habituels (paternalisme, compérage, invitation à « prendre la parole » à la place des personnes concernées) et en adoptant une posture d’alliance éclairée.
pour en parler aux plus jeunes
Aurélia Blanc est journaliste. Elle est l’auteure de « Éduquons nos fils » pour une meilleure égalité hommes-femmes. C’est aux éditions Marabout.
Comment élever des enfants, de façon égalitaire, dans un monde encore empreint de stéréotypes ?
Comment préparer une fille aux défis qui l'attendent, et apprendre à un garçon à devenir un allié de la cause féministe ?
Des histoires qui s’entrecroisent, et qui font écho aux questionnements des familles et amis. Ces récits explorent des pistes sous un angle trop souvent négligé : l'éducation des garçons.
Et si l'éducation féministe commençait à la maison ?
Aurélia Blanc, Maelline, Anjuna Boutan, éduquons nos fils. éditions marabout, 2025
Julian est avec Mamita, sa grand-mère. Leur métro s’arrête et des sirènes montent à bord. Julian adore les sirènes. «Moi aussi, je suis une sirène», dit-il. Une fois seul, il s’apprête, couronne sa tête de longues feuilles vertes qu’il orne de fleurs colorées, noue un long rideau crème à sa taille. Il est prêt. Mamita et lui partent main dans la main vers la parade.
jessica love, julian est une sirène. éditions l’école des loisirs, 2020.
Être un garçon. Agir comme un gars. Jouer à être un garçon. Mais être un garçon, à quoi cela correspond-il vraiment ?
Pour Masato, être un garçon, c’est devoir cacher ses émotions pour ne pas paraître faible.
Pour Youri, être un garçon, c’est être obligé d’aimer les filles pour être un vrai mec.
Pour Feti, être un garçon, c’est être condamné à jouer à la loi du plus fort pour être respecté.
Pour Antoine, être un garçon, c’est avoir le dessus sur les femmes dans les relations amoureuses.
Et pour Rose, être un garçon, c’est avant tout se sentir garçon !
Chacun de leurs côtés, ils vivent leur masculinité différemment, se questionnent...
À la frontière entre une bande dessinée et un guide bienveillant sur la masculinité, Être garçon bouscule les codes et offre aux garçons (et aux filles !) d’autres modèles pour s’épanouir en assumant sa personnalité !
karim ouaffi, mikankey, être garçon, la masculinité à contre-courant. les éditions du ricochet, 2024