L’HISTOIRE DE LA lesbophobie d’état EN FRANCE
On parle souvent de “l’homophobie d’État”. Mais derrière ce terme, l’histoire racontée est presque toujours centrée sur les hommes gays.
Les lesbiennes, elles, n’ont jamais été directement criminalisées dans la loi. Mais ça ne veut pas dire qu’elles étaient libres.
Invisibilisation institutionnelle
Pathologisation médicale
Mariages forcés et perte de garde d’enfants
Effacement dans les archives et récits militants
Nommer la lesbophobie d’État, c’est rappeler que l’absence de loi ne veut pas dire absence de répression, étatique comme sociale. C’est donner une place à des vécus effacés et reconnaître que la violence institutionnelle s’est exercée diffèrement selon la genre et la sexualité.
1791 : le code pénal révolutionnaire
Le Code pénal révolutionnaire supprime le crime de “sodomie”.
Résultat : les relations sexuelles entre hommes adultes consentants cessent d’être un délit.
Mais les relations entre femmes ne sont pas évoquées. La sexualité des femmes n’existe socialement et étatiquement pas hors de l’hétérosexualité. Pourtant les lesbiennes ont TOUJOURS existé.
Invisibiliser, c’est contrôler
Françoise raucourt
À Paris, en 1791, la Révolution bouleverse la société, mais pas les regards sur les lesbiennes.
Françoise Raucourt, célèbre actrice de la Comédie-Française, vit son désir au grand jour. Connue pour ses talents sur scène, elle est également célèbre pour ses relations avec des femmes influentes et ses amantes parisiennes.
Dans un monde où la loi ne parle pas d’elles, les lesbiennes comme Françoise existent malgré tout. Mais leur liberté est fragile : les jugements sociaux, les rumeurs, et la pression familiale pèsent lourd. Chaque geste d’affection entre femmes peut devenir un scandale, chaque lettre d’amour, un objet de curiosité ou de critique.
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1857-1900 : la médecine pathologise
1857 : Publication du célèbre Psychopathia Sexualis de Richard Von Krafft-Ebing (Allemagne).
Les lesbiennes y sont désignées comme “inverties sexuelles”. Leur sexualité est décrit comme une anomalie biologique et morale, un trouble à surveiller et corriger.
1860 : Reprise de cette classification
Les médecins et psychiatres français reprennent ces théories avec des termes comme “tribade”, “invertie”, “andryne”, ou occasionnellement “lesbienne” dans les récits littéraires. On relie le lesbianisme à l’hystérie ou à une masculinité supposée.
Contre leur volonté, ces femmes étaient internées, surveillées, isolées. Dans certains cas, des procédures invasives ou douloureuses (cautérisation, électrochocs) étaient appliquées, comme des cautérisations ou des régimes spéciaux. Elles devaient subir des “séances de rééducation”, puis des mariages forcés sous menace de perte de garde ou de maintien en prison.
Anne lister, l’aristocrate saphique
Femme anglaise née en 1791, Anne Lister était une aristocrate et entrepreneuse connue pour son indépendance et sa vie amoureuse avec d’autres femmes. Elle a consigné ses relations dans des journaux intimes codés qui ont mené à l’écriture de la série “Gentleman Jack”, le surnom qui lui était donné, désignant son comportement “masculin” et son refus des conventions sociales féminines.
1940-1960 : invisibles dans la répression
1942 : Le régime de Vichy introduit un âge de consentement différencié pour les homosexuels, mais qui concerne surtout les hommes.
La loi ne mentionne pas les lesbiennes.
Mais ce silence n’est pas liberté, c’est une double peine : absence de reconnaissance + invisibilisation politique. Les lesbiennes sont poursuivies pour d’autres motifs : atteinte aux bonnes moeurs, vagabondage, indécence...
Pendant la seconde guerre Mondiale, bien que les lesbiennes n’étaient pas concernées pas le paragraphe 175 du code pénal allemand qui interdisait les relations entre hommes, le régime nazi fit régner un climat de peur et de restriction drastique des libertés. Les communautés et réseaux lesbiens développés pendant la République de Waimar (1918-1933) furent détruits.
1970s : resistances lesbiennes
1971 : le FHAR (front homosexuel d’action révolutionnaire) est lancé, avec des militantes lesbiennes issues du MLF.
Rapidement, elles dénoncent le sexisme dans le mouvement homosexuel et créent des groupes en non-mixité, comme Les Gouines Rouges.
Le lesbianisme devient une identité politique : aimer les femmes, c’est refuser le patriarcat.
1980 :
VOIX LESBIENNES
DANS LES Médias
Après les luttes dans 1970s, les lesbiennes restent souvent invisibilisées dans les mouvements gays et féministes.
Les années 80 voient l’émergence d’une culture lesbienne propre avec médias, collectifs et événements dédiés, créant une mémoire une mémoire lesbienne collective.
Il y a une mise en lumière de la lesbophobie d’État et sociale, héritée de siècles d’invisibilisation et de pathologisation.
AUJOURD’HUI
La mémoire officielle de l’homosexualité reste encore largement masculine. Les lesbiennes sont encore invisibilisées dans les manuels scolaires, les commémorations et les archives nationales. Leurs luttes intersectionnelles (contre le racisme, le validisme, la pauvreté, la transphobie) sont souvent peu reconnues. La lesbophobie d’État continue sous forme d’oubli, d’effacement, de sous-représentation.